LE FOIL...

Le point de départ...

Tout commence durant l'été 2013. Durant mes vacances, quelques périodes "pétolesques" durant lesquelles je vois naviguer 2 ou 3 types sur ces drôles d'engins dans des vents asthmatiques me poussent à m'approcher un peu...

Dans un premier temps, mon intérêt concerne surtout l'objet : à l'époque, je croise Damien Chaboud (le boss d'AlpineFoil voir ci-contre). On discute un peu du principe, des contraintes etc...
Les aspects techniques sont passionnants, l'objet est magnifique mais je reste sceptique. Mon truc, c'est le surf, le vent et les vagues...


Finalement... pourquoi pas ?

Rebelote l'été 2014. Mais cette fois je me retrouve sur l'eau en surf avec une 12m avec 2 ou 3 foils autour de moi (avec des 7 ou 8m). Et là, le potentiel m'apparaît plus clairement : ça va vite, très vite (mais ça je le savais) mais surtout ça cape de façon inimaginable !
Bilan, alors que je tire mes bords toujours dans la même zone, je les vois sortir de la baie et se faire de grandes balades.

Quelques discussions finissent de me persuader : "Sensation de voler, aucun bruit à part le sifflement des lignes ...", il faut que j'essaye !

Mais il y a un obstacle de taille : le prix ! Et tout le monde me prévient : "Attention, tu vas devoir tout réapprendre comme un débutant. C'est difficile !"

Ma première réaction est toute naturelle : "Pourtant ça n'a pas l'air si compliqué... même pas peur !"
J'aurais peut-être du...

Passage en mode recherche...

Automne 2014. Fort des conseils qui m'ont été prodigués, je suis à l'affût : forums, petites annonces, je cherche un foil d'occas de bonne qualité, pas trop difficile d'accès et évolutif.
Je tombe sur un foil radical de 2012. On me confirme que c'est parfait. Tout carbone mais suffisamment porteur et pas trop rapide. C'est dans mon budget, je fonce !

Bricolage...

Rendez-vous pris. Le foil est en très bon état. Par contre la board a bien vécu : nose cassé, pads HS... mais je me lance et je c'est parti pour une petite séance restauration durant l'hiver. Pardon, une grosse séance...

Dans un premier temps, réparation du nose, je décolle les pads, je ponce et reponce... un peu de résine pour la réparation du nez et je ponce...
Je repeins, je vernis puis nouveau pad.
Sur ma lancée, je me dis que le côté multicolore du foil, bof ! C'est donc reparti. Je ponce, je peins, je vernis... le résultat n'est pas parfait mais je m'en contente.
Et l'avenir me prouvera que j'avais raison.
Ca m'a occupé une paire de soirées d'hiver !



Le matériel est prêt mais l'eau est froide !

Ca y est. Le foil est prêt. Mais on est en plein de mois de février. Je m'attends à baigner donc impossible de tenter une sortie à cette période. Je me suis fixé début mai.



Finalement, c'est seulement début juin que je vais trouver une première "fenêtre météo". Lors d'une sortie à Bray-Dunes, le vent d'ouest baisse. Un peu trop de vagues à mon goût mais vraiment envie d'essayer !








Première sortie ... et premier flop !

Tout d'abord descriptif rapide du bonhomme : pas tout jeune (42...) mais bonne condition physique (footing, vélo...). Assez grand gabarit (1m86 pour un petit 80 kg). 6 ans de kite (après de nombreuses années de windsurf) dont 4 ans en surf. Je navigue régulièrement. Je reviendrai plus tard sur les facteurs qui m'ont aidé et ceux qui m'ont pénalisé.

C'est parti ! En fait non... c'est loin d'être parti : je galère pour manipuler l'engin. C'est encombrant et je ne vois pas trop comment m'y prendre pour le retourner et le positionner correctement. Je barbote pendant 30/40 minutes. Vent un peu trop faible (10/12 noeuds en 12m), déjà trop de vagues, sortie mal préparée (j'aurais du regarder les vidéos plus attentivement sur la partie mise à l'eau). Au final, je monte sur la planche à plusieurs reprises mais ça ne dure pas... je chute rapidement, je n'y comprends rien... impression d'avoir une ancre sous la board ! Je réussis même à mettre mon aile à l'eau. Bref, je sors rapidement et frustré.
Et pour couronner le tout un gars vient discuter et me dit : "C'est quand même super ambitieux de débuter le kitesurf par le foil !". Ca en dit long sur la qualité de ma prestation...


Deuxième et troisième sorties

Cette fois c'est Wissant. Environ 15 noeuds en 12m. Le plan d'eau est bien calme (pour Wissant...). J'ai "potassé" et je me débrouille pas trop mal. Enfin, tout est relatif : j'essaie de charger l'avant pour maintenir la planche au contact de l'eau. J'arrive à faire quelques bords comme ça. Rien de grisant mais la sensation de progresser. Je suis les conseils qui m'ont été donnés et je n'essaie pas de sortir de l'eau.

Idem la fois suivante à Bray Dunes. Conditions parfaites. Même objectif que la fois précédente : je ne cherche pas à prendre trop de vitesse et je maintiens la planche au contact de l'eau. Quand j'accélère je me fais surprendre : parfois un appui mal placé et ça monte puis éjection dans la foulée. La multiplication des chutes et de séances de nage tractée met le physique à contribution. Du coup, je suis rincé au bout d'une heure et demi de nav !

Mais je me dis que je vais peut-être faire mes premiers vols la fois suivante !


Et non...

Décidément, pas évident... les 3 ou 4 sorties suivantes se ressemblent. J'en suis au stade du "marsouinage" : le foil sort puis redescend puis remonte etc... en continu. J'ai l'impression de lutter en permanence avec le truc et c'est épuisant... Parfois la descente est rapide et là c'est le bouillon !

A ma décharge, je n'ai vraiment pas eu les conditions adéquates : souvent trop de vent, un plan d'eau agité qui rendent mes appuis trop agressifs. Je perçois peu à peu qu'il faut y aller tout en douceur sur les appuis mais plus facile à dire qu'à faire. Je me répète constamment "charge le pied avant, charge le pied avant..."

Après ces quelques sorties, je pense avoir à peu près 6/8 heures de "pratique" et le bilan est décevant : je ne suis pas loin d'abandonner... après tout, le surf c'est suffisant.


Enfin du positif !

Et puis deux sorties à Bray Dunes en ce début septembre peu venté, avec un plan d'eau bien calme (enfin !) me redonnent espoir ! Je modifie légèrement mon placement (un peu plus vers l'avant). Ca retarde un peu la montée du foil mais je contrôle mieux. Un peu moins de stance aussi Du coup je "vole" enfin ! Et ça accélère sévère ! Il devient alors très difficile de contrôler la vitesse et les chutes commencent à "piquer".
Tout n'est pas résolu (loin s'en faut) car mes impressions se confirment : il faut y aller comme sur des oeufs ! Le moindre appui mal contrôlé et la sanction est immédiate !
Mais bon, pour la première fois je me dis que j'ai peut-être fait le plus difficile...


Bilan

On m'avait prévenu que c'était dur dur et je confirme... ne surtout pas se fier à cette impression de facilité que dégagent ces vidéos qui commencent à foisonner sur le net.
Selon moi, le foil se destine à un public bien particulier, qui a la possibilité de naviguer très régulièrement. J'ai de gros doutes sur la démocratisation potentielle de cette pratique : la vitesse de progression s'approche pour moi plus de ce que j'avais connu à mes débuts en windsurf. 
Alors oui, un petit jeune progressera sans doute plus rapidement que moi. Il n'en reste pas moins que les conditions météos permettant de débuter dans notre région sont rares (pas de vagues et 10/15 noeuds c'est pas tous les jours).

On m'avait fortement conseillé de ne pas mettre de strap à l'arrière et de vite dégager le pied avant en cas de chute. Je valide. Déjà comme ça... je me suis fait peur 2 ou 3 fois.
Je pense (mais c'est un avis personnel) qu'un pratiquant habitué au strapless gagnera un peu de temps mais le gain sera limité.

Une aile pas trop puissante et ayant la capacité de dégazer instantanément doit aider (ça évite de remettre de l'appui sur la planche quand l'aile tracte).

Attention à la condition physique. Les chutes répétitives, suivies de séances de nage tractée et les cuisses sollicitées en permanence rendent les sorties bien physique. Un minimum de condition est nécessaire.

Après 7 sorties soit environ 10h de pratique, je pense qu'il m'en faudra au moins encore autant pour avoir l'impression de vraiment naviguer.

Affaire à suivre... je mettrai à jour l'article quand il y aura du nouveau...

Trois sorties de plus et ça y est !

Ces derniers jours, bonnes conditions et grosse motivation (et surtout un peu de temps libre).
3 sessions sur 4 jours et je peut dire que le plus dur est fait : je vole à peu près stabilisé sur 100 à 500 m.
Ca fait encore beaucoup de chutes mais c'est la gestion du clapot voir des vagues qui me pose problème. Je pense que sur un plan d'eau flat ça irait pas mal.
La sensation est fantastique ! 

Les jibes, même posés ne sont pas encore au programme.

Mes premières galères s'expliquent en partie par une boulette de ma part. A moins que ce ne soit psychologique mais je ne pense pas : lors du premier démontage de mon foil, je tombe sur une cale minuscule . Plus exactement, elle tombe sans que je sache où elle était...
Vu la finesse du truc, je me dit comme un c... que ce n'est pas important. FAUX !!!

En passant sur un forum, je tombe sur un article sur les problèmes de calage et là je pige... la tendance de mon foil à toujours se cabrer vient peut-être en partie de là.
Démontage, positionnement de cette petite cale au niveau du stab pour rendre le foil plus "piqueur' et ça va nettement mieux !


Les défauts difficile à corriger

Ils sont nombreux mais principalement :

1 - Défauts de placement : un pied arrière un peu trop vers l'arrière et le foil monte, monte... jusqu'à ventiler et là pas évident de ne pas chuter car on redescend très vite.

2 - Une tendance à caper difficile à maîtriser ; le problème c'est que cette remontée au vent tend à me faire perdre de la vitesse...et du coup à me faire redescendre. Et qui dit descente, dit touchette... puis chute...

3 - Fautes d'appuis : 
  • Lors des touchettes ou des déséquilibres générés par l'aile (lors d'une relance par exemple) on remet naturellement de l'appui sur la planche. Le problème c'est que cet appui ne doit pas venir rompre l'équilibre des masses entre pied avant/arrière et là encore, pas évident...
  • Idem quand on prend de la vitesse et qu'on arrive sur une vague. Le réflexe naturel est de se déporter vers l'arrière (ça marche très bien en surf ou en TT pour passer la vague). Ici, c'est l'assurance de voir le foil "gicler" (il se cabre violemment). J'ai l'impression qu'il ne faut pas hésiter à fléchir les jambes au max toujours en essayant de conserver cet équilibre entre les appuis avant/arrière.

La bonne surface d'aile (je fais 80 kg)

Là c'est à titre indicatif mais à confirmer par un expérimenté. J'ai à peu près cerné les plages de vent idéales, sachant que mes north néos sont puissantes (je prendrais 1 m² de plus si j'avais encore des RPM)

Entre 10 et 13 noeuds : 12 m²  (c'est une bandit)
Entre 13 et 16 noeuds : 9 m²
Entre 16 et 21 noeuds : 7m²
Au-delà la 5m² mais pas testé car je ne me sens pas capable de gérer mes appuis avec une aile aussi rapide pour le moment....

Ces plages idéales sont très restreintes. Là ecore je pense que mon manque de pratique fait que je me sens très vite surtoilé.

Au stade débutant, les sorties en 12m dans 10/12 noeuds sont tentantes car la mer est très peu formée. Mais gare à l'aile qui tombe à l'eau. Le redécollage est compliqué et on voit le foil s'éloigner assez rapidement.

Naviguer avec de petites toiles est intéressant par rapport à leur faculté à redécoller. Le problème c'est que chez nous le clapot arrive très vite, compliquant énormémént les choses.
Un bon compromis semble être 15/16 noeuds en 9m au début.

Mardi j'étais en 7m et sur la fin il y avait un bon 20 noeuds de NE avaec un plan d'eau qui commençait à être agité. Ca me semble impossible de faire une première sortie dans ces conditions.


Bilan n°2

La mayonnaise a pris : je suis ferré ! Je suis dans l'attente permanente de ma prochaine sortie foil, décidé à laisser le surf au garage pendant un moment ! Pas encore l'ivresse des grandes vitesses (aile choquée dès que ça part donc pas plus de 17 noeuds au gps) mais j'ai hâte de retrouver un plan d'eau à peu près plat !

A suivre...

7 commentaires:

  1. Bonjour j'i failli acheter le foil que tu as et finalement j'ai pris un spotz, qui je pense n'est guère plus facile et j'en suis à peu près au même niveau que toi.
    (un peu plus de sessions mais plus vieux). les débuts sont vraiment frustrants et puis cela vient petit à petit et le bonheur est là : flotter entre deux airs sur plusieurs centaines de mètres mais la chute arrive rapidement et cela pique fort!!
    bonne continuation et à un de ces jours sur l'eau

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  2. putain !!! je viens d'acheter un spotz aussi!!
    4eme sortie, c gamelle sur gamelle!!
    youhou!! dur dur

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  3. Et oui...c'est le scénario habituel :)
    Mais je jeu en vaut la chandelle ! Il faut persévérer !

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  4. Jai mon foil Sroka depuis un an et il est vrais que ce nest pas facil de trouver les bonnes conditions et le bon plan deau. Mais je reconnais bien vos frustrations. Ca me motive pour perseverer en effet...ca va le faire en 2017. Merci pour ce partage.

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  5. Salut
    Je reconnais toute ma progression ! J'aurais pu écrire l'article !

    J'ai enfin eu le déclic il y a 3 semaines, à Dakhla. J'avais environ 13 sessions au compteur en arrivant et toujours en mode marsoin sans aucune maitrise du vol. En 2 sessions, le vol était maitrisé des 2 côtés.
    Par contre, en retrouvant mon gros clapot local hier, j'ai à nouveau galéré sévère. Le spot joue énormément sur la vitesse d'apprentissage...

    Merci pour ce bon moment de lecture.
    A+
    Groswilly

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  6. Et oui, les bonnes conditions, c'est le nerf de la guerre...
    Par chez nous, une 12m bien légère permet de naviguer dans 10 noeuds, sur un plan d'eau à peu près flat. Cela vaut le coup.

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  7. Bonjour,
    c' est un article qui a déjà 4 ans mais avez vous fait du windfoil ? C' est pour savoir si la difficulté d' apprentissage est la même pour un kiteur que pour un windsurfeur. Merci.

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